L’éclair et l’étoile filante

Une étoile filante passa. Puis à nouveau. Puis encore. Elle avait visiblement des fourmis dans la comète. Elle avait dû rester prisonnière trop longtemps. De cosmos mal embouchés. De soleil trop narcissiques. D’astres qui tournaient vite au désastre. Elle avait donc décidé de filer. Pas à l’anglaise. Non de façon tout à fait explicite et visible. La tête haute. Se retournant parfois mais sans s’arrêter. De filer.
Pourtant, dans son périple, ça faisait un bout de temps qu’elle passait. Et repassait. S’immobilisant presque parfois. Près de cet éclair qui, c’est sa nature, allait d’apparitions soudaines en illuminations brutales. Ils se côtoyèrent ainsi presqu’une année lumière. Ils avaient l’air d’y trouver un certain plaisir. Un certain épanouissement. Même dans cet environnement sans fin, ce qui brille encore pour les uns peut ne plus scintiller pour les autres… Les apparences peuvent y être trompeuses… Un jour, ou une nuit (on ne sait jamais trop dans la Voie Lactée), l’étoile décida qu’il lui fallait filer à nouveau. Qu’elle n’avait pas encore fait le tour de sa galaxie… Réveillé par un spoutmail (un « spoutmail » c’est un peu comme un facteur qui se déplacerait avec un spoutnik pour distribuer son courrier…bon, ne cherchez pas , c’est de la SF…), réveillé, donc, l’éclair, dans un geste aussi vif que lui-même (genre autant foudroyant qu’inattendu) attrapa l’étoile filante et lui dit : « Pourquoi files-tu ainsi ? Même si tu t’éloignes, ta lumière demeure dans les yeux de ceux qui l’ont vue. Ton éclat demeure dans le cœur de ceux qui en furent touchés… » L’étoile filante ne sut quoi répondre. Elle se tortillait dans tous les sens pour échapper à la poigne de l’éclair qui pourtant la tenait très délicatement, avec une infinie douceur… Devant son silence, il ouvrit sa main aveuglante et lui parla encore une fois :
« Va, belle étoile, va où tu dois aller. Un jour je surgirai à nouveau, tel l’éclair que je suis. Un jour tu seras lasse de ne jamais te poser. Un jour tu ne seras plus une étoile filante. Juste une étoile. Celle qui illuminera mon ciel… ».
Aussitôt, l’étoile repris sa course, jetant quelques regards vers l’éclair.
Il cru même voir de vagues scintillements dans son sillage.
Ses larmes en fait.
Depuis l’éclair s’est mis en pause. En réserve.
Pour, à nouveau, faire éclater sa fulgurance.
Au bon moment.
Juste au bon moment.

Cet article a été publié dans RÊVES ET RÉALITÉ. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire