Maillot. Bonnet. Pas très seyant, mais obligatoire. Lunettes. Pour faire le mec qui n’est pas là pour rigoler.
Mais pour nager. Sérieusement.
J’adore la piscine.
Un plouf et tout devient fluide.
J’y noie mes peines. J’y dilue mes soucis. L’œil rivé sur la ligne de fond, je ne pense à rien d’autre. Qu’aux 25 m qu’il me reste à faire. Encore. Et encore. Glisser dans l’eau. Faire des longueurs. Jusqu’à plus soif. Ne plus entendre que le battement de mon cœur, le rythme de mon souffle.
Flotter.
J’aime cette sensation. Me retrouver. Hors du temps. Hors du monde. À l’écoute de mes seules sensations. Concentré sur ce que je dois faire. Pour que l’eau continue à me porter. Sans m’engloutir. Comme on voudrait que la vie le fasse.
Nous porter. Sans nous engloutir.
J’aime cette mise à nu. Dénudé. Sans fard. Sans artifice.
Peu importe le regard des autres. Seul compte ce que je vois.
Et je vois juste un homme qui agite ses jambes, ses bras pour ne pas sombrer, pour avancer. Encore. Et encore.
Je vois juste un homme en suspension.
La tête émergeant à la surface. Respirer.
Puis sous l’eau. Oublier.
Se retrouver. Face à sa seule vérité. Comme au premier jour.
Comme un nouveau baptême.
Renaître. Lavé. Des scories de la vie.
Débarrassé de tout ce qui l’encombre, l’embarrasse, l’alourdit.
Je me sens léger. Je me sens bien.
À nouveau maître de mon destin.
De ce que je veux vivre. Ou ne plus vivre.
Maître.
Maître-nageur.
« La vérité, comme la beauté, est dans l’œil de celui qui la regarde »
Léo Myself