Vite, vite, vite… J’ai de plus en l’impression d’être le lapin d’Alice au Pays des Merveilles. Que nous sommes toutes et tous ce lapin. Pas, le temps, pas le temps, pas le temps…
Notre monde est en perpétuel mouvement. En accélération constante. L’instantané prime toujours plus, l’immédiat l’emporte toujours davantage. Dans ce maëlstrom incessant d’événements, ce fast-food de l’info, ce speed-dating du quotidien, on oublie.
On oublie de regarder. Autour de nous. Les gens. Les paysages. Les scènes de la vie.
On oublie de savourer l’instant présent. De quoi il est fait. D’un peu d’attention. D’un peu d’écoute. D’un peu d’amour. Pour cela il faut juste un peu de temps.
Qu’on n’a pas. Qu’on n’a plus. Qu’on ne prend pas surtout.
Sur ce que l’on nous donne à croire comme important. Comme plus important.
Notre vie est potentiellement plus longue. Elle me paraît pourtant plus courte.
Parce qu’on y laisse de moins en moins de place à ce qui en fait sa vraie valeur.
Ce dont en prend conscience bien souvent trop tard…
Le partage, le plaisir du partage et le plaisir partagé.
Ça suppose simplement de sortir de l’autoroute. De notre existence. De son rythme effréné. De choisir une petite route de campagne, de lever le pied et d’ouvrir la fenêtre. Pour respirer. Sentir. D’interrompre, quelques instants, son périple, pour cueillir une fleur des champs sur le bord du chemin. Et de voir. De s’emplir les yeux et l’âme de tout ce qu’il y a de si magnifique autour de nous.
C’est parfois ce que je ressens. En allant dîner au restaurant avec des amis. Pas n’importe quels amis. Des amis qui savent aussi ralentir. Pour mieux apprécier. Pas n’importe quel restaurant. De ceux où l’on est capable de donner du temps. Le temps que le chef met à sélectionner ses produits. Le temps qu’il faut à la cuisine pour les sublimer. Le temps qu’on nous laisse pour choisir. Le temps qu’on nous accorde pour, d’abord, régaler notre regard de ce qu’il y a dans l’assiette. Le temps qu’on offre à nos papilles pour en apprécier toutes les saveurs.
Le temps d’entendre l’histoire du vin qu’on déguste. Le temps d’en parler entre nous. Le temps de communier ce moment avec tout notre entourage. De lire dans les yeux des convives ce qu’ils voient dans les nôtres. Le temps de ne pas avoir envie de quitter cette table. Le temps de vouloir faire durer ce temps. En compagnie du patron qui fait bien plus que rassasier nos estomacs. Qui comble nos cœurs en nous donnant du temps. De son temps.
Rares sont ces endroits, rares sont ces moments. J’en connais quelques uns. Où un rocker géant vous accueille à bras ouverts. Quand il vous sert un rosé californien en guise d’apéro, il doit sans doute glisser dans ce verre une bonne dose d’affection. Et de cet indispensable temps que nous aimons passer avec lui. Chez lui.
Il faut juste s’y arrêter.
Merci François
« L’amour c’est le temps rendu sensible au cœur. Sans amour profond, le temps est bête comme une voie de chemin de fer. On y va de gare en gare. Sans le temps, l’amour n’a aucune chance »
Léo Myself