LE TICKET DE CAISSE

10 mn. Pour faire mon marché. Dans un supermarché.
Pourtant pas si super que ça.
Mais la distribution n’est pas le sujet, qu’elle soit grande, petite ou en moyenne.
10 mn, donc.
Deux fois plus pour régler mes achats.
Pas si super, je le disais.
Après l’une qui s’empêtre dans ses chèques restaurant et l’autre qui a paumé sa carte fidélité, arrive l’instant fatidique. Celui que je redoute entre tous, celui où après avoir tendu quelques euros à la caissière – pardon l’hôtesse de caisse, ça change tout – elle me rend la monnaie.
Pas n’importe comment, non.
Dans ma main tendue et tremblante d’espoir, elle dépose, tout d’abord, le ticket de caisse puis, par dessus, un ou plusieurs billets et enfin les pièces qui font l’appoint…
Comme à chaque fois.
Espoir volatilisé. Ma main tremble encore néanmoins.
De y en a marre.
La gauche, qui tient déjà le cabas, cherche péniblement à maintenir entrebaillé mon porte-monnaie pour que la droite tente d’y glisser le mille-feuilles « ticket de caisse/billet(s)/pièces ».
Impossible.
Je jette alors au loin ce putain de ticket de caisse et lâche le cabas pour insérer la monnaie rendue dans son étui de cuir qui s’impatiente.
Moins toutefois que le client suivant.
Comme à chaque fois.
Depuis mon arrière-grand-mère, qui recopie encore son ticket de caisse sur son livre de compte domestique ?
Personne, à part, peut-être, la caissière – pardon, l’hôtesse de caisse…
Pitié.
Pitié pour les arbres qui se font bien chier transformés en rouleau de papier-caisse avant d’être recyclés en papier-cul.
Pitié pour l’environnement que ces quelques gouttes d’encre font rester à quai.
Pitié pour la personne qui piaffe derrière moi.
Pitié pour les pièces de 1, 2 ou 5 cents qui n’en peuvent plus de se retrouver sur le carreau.
Pitié pour ma main droite, épuisée de se sentir de plus en plus gauche.
Pitié pour mon sourire qui, désormais, s’enfuit en courant dès que je lui parle de marché.
Pitié, épargnez mon temps.
Le temps qu’il me reste.
Avant de finir dans une caisse.

Léo Myself, C…….R Market, le 6/11/2012 à 19:37

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