La musique d’une démarche effleurant les pavés. Je la reconnais avant même de l’avoir entendue.
Une silhouette au chaloupé unique. Je la devine avant même de l’avoir vue.
Petit café. Petite clope. Petit moment accueilli comme un grand.
Petit bonheur qui, en ce début d’année, paraît pourtant immense.
Malgré l’effort de n’échanger que des banalités. Effort un peu vain.
Rien ne peut être banal. Regards qui se cherchent, se fuient. Corps qui se rapprochent, s’éloignent. Mains qui hésitent. Lèvres qui préfèrent s’échapper. Se fermer.
N’empêche c’est toujours un bonheur. Petit certes. Mais bonheur quand même.
Qui suffit, dans l’immédiat, à remplir ma musette.
Ma musette à bonheur.
J’en utilise les rations avec parcimonie, ne sachant jamais quand je croiserai à nouveau mon « dealer ». Alors, je fais durer mes provisions, le plus longtemps possible.
Je m’accroche à ce mince trésor. Je m’y accroche de toutes mes forces. Pour ne pas tomber. Plus bas. Depuis que j’ai chuté brusquement. Du haut de mon piédestal.
Il y a un peu plus d’un mois.
Mieux, j’y puise un semblant d’énergie. Pour remonter. Du bout des doigts. En peinant. En souffrant. En épuisant mon corps. Pour moins sentir mon cœur s’essoufler.
Du bout des doigts. Millimètre par millimètre.
Quand je suis sur le point de céder. D’abandonner. J’ouvre la musette.
Il y reste toujours une petite portion. D’espoir.
Suffisant pour oublier. La difficulté. La douleur. L’épreuve.
Pour n’avoir qu’un but. Continuer. Encore et encore.
Jusqu’au sommet.
Il y sera. J’en suis sûr.
J’ignore combien de temps il faudra. Il me faudra.
Mais il y sera.
Addition de ces instants, somme de ces petits bonheurs récoltés au fil de moments imprévus, fugaces, mais si précieux…
Il y sera.
Elle y sera.
Et j’y serai.
« La différence entre l’espoir du bonheur et le bonheur de l’espoir ne tient à rien. À une hésitation, parfois. Prise pour une invitation. Ne serait-ce qu’une fois… »
Léo Myself