J’aimerais tant. Me réveiller. Un matin.
Un matin différent des autres.
Où je n’aurais pas à tremper ma tartine dans toute la misère du monde.
Où mon café n’aurait pas l’amertume des infos du jour.
Un petit-dèj sans massacres, sans attentats, sans courbes (du chômage, de l’économie, du cours de l’euro, etc.) se cassant la gueule, sans confiture à la kalachnikov, sans grèves où les voyageurs de tout poil finissent par échouer, sans inondations, sans toutes ces horreurs qu’on nous sert bien chaudes, à peine sorties du toaster de l’actualité.
Ce n’est pas simple de se lever. De quitter la couette douillette.
D’abandonner le cocon de ses rêves.
Et là, paf ! Plein la tronche !
Souvent, je n’ai qu’une envie. Me rendormir. Je ne dois pas être le seul.
Mais la journée nous attend avec son cortège de contraintes et d’obligations.
De plaisir, parfois. Tellement plus rarement.
J’aimerais me réveiller un matin. N’entendre parler que d’usines qui embauchent. D’armes désormais muettes. De réfugiés qu’on accueille. Du recul de la faim dans le monde. Des maladies aussi. De contrats faramineux signés.
Pour la paix. Pas pour la guerre.
J’aimerais. Que mon café ait le goût du bonheur. Que ma tartine se tortille de joie.
J’aimerais. Que le monde comprenne. Qu’il y a de la place pour tous.
Pour toutes les opinions. Pour toutes les croyances. Pour tous les humains.
Sans distinction aucune.
Qu’en éliminant ceux (celles) qui ne partagent pas notre point de vue, nous creusons notre propre tombe. Nous créons un désert. Dans lequel nous finirons par nous perdre…
Naïf, idéaliste, incurable optimiste, dira la plupart. Possible.
Mais si je cesse d’attendre ce matin-là, je ne suis pas sûr de me réveiller.
Pas sûr que ça en vaille la peine.
J’aimerais. Me réveiller. Un matin.
Qu’un message sur mon portable me fasse rire.
Ou sourire.
Ou m’en donne envie.
Ce serait déjà une bonne nouvelle.
Une putain de bonne nouvelle…
« Et si on essayait d’être heureux ? Juste pour donner l’exemple… (Jacques Prévert) ».
Léo Myself