La dernière séance

Tout est réuni. Pour que la soirée soit belle. C’est vrai.
Très vite on fait plus qu’écouter la musique. L’un d’entre nous en joue. Plutôt bien. Très bien même. Champagne, vin, coulent à flot. On chante. Si on ne connaît pas les paroles aussi.  À tue-tête. Revival à s’en péter les cordes vocales.
On vit. On revit. Nos années légères. On s’envole. Vers des horizons retrouvés.
Tous les excès nous attendent. Nous guettent. Nous piègent. Forcément.
On fait connaissance. On s’apprend. On se parle. On ne se dit pas l’essentiel. On surfe. C’est drôle. Par moment. On essaie d’installer une connexion. Parce qu’on veut garder le contact. Avec les hasards de la vie. Les impromptus. Les occasions. Ce qu’elles nous offrent. Incarnées.
Elles sont splendides. Grandes. Mais pas trop. Enjouées. Festives. Apportant une touche d’insouciance communicative. Déconnectées. Ou super-connectées. À leur volonté.
De s’éloigner. Des spectres anciens. Dépendance. Intolérance. Exigence.
Elles ont sans doute besoin. D’être différentes. De ce qu’elles furent. Pour ça.
Les scènes s’enchaînent. Les verres se vident. Se remplissent. Se vident encore. Les discussions deviennent moins convenues. Plus sérieuses. Un peu trop, peut-être.
À ce moment précis, je perds le fil.
J’avais juste envie. De continuer. À flotter. Dans une atmosphère éthérée. Fugace.
C’est pareil à un changement de bobine dans les vieux cinémas.
Ça repart. Mais je n’y suis plus. Dans le film. Arrêt sur image. J’essaie.
Mais j’ai la sensation d’être dans un théâtre d’ombres.
Je ne les vois qu’imparfaitement.
Ma lumière se projette ailleurs.
Là où elle prend sa source. Puise son énergie.
Elle brille dans ma tête. Tellement que je perçois de moins en moins.
Ce qui se passe.
Sur l’écran de ces instants.
C’est évident. Je ne verrai pas la fin.
D’autres séquences déboulent.
Dans mon imaginaire.
M’emportent.
Dans la nuit. Le sommeil.
Les rêves.
C’était la dernière séance.
La prochaine, je reste.
Jusqu’au bout.
Du générique.
De fin.

« Au ciné, quand une prise n’est pas bonne on peut la refaire autant de fois qu’on veut. Dans vie, c’est moins facile. Mais il peut toujours y avoir des séances de rattrapage. » Léo Myself

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