C’est étonnant ce qu’il peut provoquer. Comme bruits. Des bruits intérieurs.
De toutes sortes.
Les émotions. Contenues. Car trop fortes. Les questions. Orphelines. Des réponses qui ne viennent pas. Les joies. Qui n’explosent qu’à l’intérieur. Les inquiétudes sans objet. La plupart du temps. Les plaisirs. Si intenses. Qu’ils doivent rester secrets. Les prises de tête. Sans raison d’être.
Parfois, néanmoins, on aimerait. Entendre. À défaut lire. Quelque chose. N’importe quoi. Le bulletin météo, si besoin. On peut toujours le faire. Au bout d’un moment, on connaît par cœur. Heure par heure. Le temps qu’il va faire. Les 15 prochains jours. Météo France à moi tout seul.
On se met à écouter. Les conversations alentour. Pas d’indiscrétion. Rien que l’envie. D’occuper ses oreilles. De sentir. Ressentir. L’effet d’un son. D’une parole. Même si elle ne nous est pas destinée. Rassurant. Pas de surdité en vue. Tout va bien. Ce n’est pas moi. Qui suis amputé. De mes sens.
On observe. Ce qui se passe. Dans les environs. Plus ou moins proches. Plus ou moins bavards. Pour capter la vie. Telle qu’elle est. Essayer de comprendre. Avec des bouts de phrases. Des bribes d’échanges. Ce qui se trame. Se noue. Se dénoue. Se renoue. Distrayant. Mon silence développe mon écoute.
Je me remplis. De cette musique. Composition de brouhahas, d’éclats de rire, d’exclamations, de soupirs et de chuchotements…
Amusant. Certain(e)s ont l’air d’avouer. Des péchés. Non, n’insistez pas. Je ne trahirai pas. Le secret. De leurs confessions.
Ils ont égayé mon autisme temporaire. Ils ont injecté de la sensibilité. Dans l’inaudible. Ils ont mis du sens. Dans tous les malentendus.
Ils ont rendu visible ce que je n’entendais pas.
Finalement, c’est bien.
L’absence.
Le mutisme.
C’est provoquant.
Stimulant.
Excitant.
Paradoxalement, ça développe.
L’ouïe.
Ça aiguise.
L’attention.
Ça affûte.
Le regard.
Sur soi.
Mais pas que…
« On dit que si la parole est d’argent, le silence est d’or. Je crois que, parfois, le silence endort et que, souvent, le parler est ardent. Comme une flamme dans la vie. »
Léo Myself