Tirage gagnant (2)

Je n’ai aucun talent dans ce domaine. J’aime regarder mais je ne sais pas faire.
Démuni côté prises de vues. Autant je peux me sentir plutôt aisé. En points de vue. Évidemment  discutables. Opposables. Défendables.
Toujours est-il que c’est juste mon regard. Plus devant, autour, qu’en arrière. Ma carte mémoire est suffisamment pleine. D’images un peu passées. Surannées.
Dont je n’oublie rien. De ce qu’elles ont pu me dévoiler.
Je n’ai pas besoin de les ressortir de leur boîte pour m’en souvenir. Pas besoin de m’y replonger. Pour éviter de sombrer dans mes errements anciens. Si les blessures se referment, les cicatrices demeurent. Me rappelant à l’ordre, si besoin.
Je suis fasciné par la capacité, le don même, de certain(e)s à faire surgir l’étonnement. D’une réalité connue. Mais transfigurée. Comment ? Pourquoi ? Ils ont « l’œil ».
Je ne vois pas d’autre explication. Dépassant l’objectif, ils (elles) conjuguent le quotidien au presque parfait de leur subjectif.
J’y pense beaucoup en ce moment.
Parce que le négatif d’hier a pris des couleurs. Un véritable arc-en-ciel. Une gamme chromatique aussi éclatante que peu imaginable. Voilà pas si longtemps.
Je sais ce que je dois. À qui. Pour cette mise en technicolor de ma grisaille déjà vieille.
Ce n’est pas fini. J’en suis aux toutes premières épreuves. Dont je me régale.
Pour une fois. Pour toutes les fois à venir.
Rien. Personne. Ne me renverra du côté obscur. Ne m’entraînera dans une projection en noir et blanc. Dans tous les cas j’ai une parade. Infaillible.
Mon habit d’arlequin.
Il déteint. Il contamine. Il tache.
Niveau de gris ? Il se met à colorier. Comme un fou furieux.
Une vraie boîte de Caran d’Ache. Sous extasy.
Photo sépia ? Allez hop, un plongeon dans le bain.
Révélateur.
Les nuances posant des pigments.
Partout.
Et du piment.
Dans chacune de mes heures.
Ce n’est pas comme au loto.
Ce n’est pas le hasard.
Qui nous permet un jour.
De savoir comment.
Développer nos photos.
Intérieures.
Pour en faire.
Obstinément.
Un vrai tirage gagnant.

« La netteté ou le flou dépendent peu d’une éventuelle mise au point. C’est avant tout une question d’ouverture, d’éclairage, d’angle et de vision. »
Léo Myself

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