Recalage horaire

On s’était perdu de vue. Surtout moi. À cause du rythme de ces dernières semaines. Sans doute. Et des préoccupations du moment. Aucun souci. Juste de quoi mobiliser mon attention. Fortement. Sur des sujets ponctuels mais néanmoins importants.
Nouveau job, déménagement, emménagement, installation. Nouveau lieu, nouvelles pratiques, nouvelle vie. Il y a de quoi. Largement. Ne penser à rien d’autre.
Qu’être opérationnel de bonne heure. Pour en faire le plus possible.
Pour que tout avance. Le plus vite possible.
Peu à peu, on perd la notion. Des jours, des nuits. Des heures. Qui finissent par manquer. Ou par peser. Surtout celles qui sont passées.
Malgré tout, j’avais oublié. Jusqu’à son existence. Pas besoin. Je fonctionnais en autonomie. Mon horloge interne se chargeait de son boulot. Par acquis de conscience, je l’activais tous les soirs. On ne sait jamais. Chaque matin, je l’empêchais de remplir son devoir. Off. Muet avant même d’avoir émis le moindre son.
Ça devait être frustrant. Pour lui.
J’étais assez heureux du tour que je lui jouais. Sans lui vouloir aucun mal, pourtant.
Mais une vague impression de dominer son mécanisme.
Ce mécanisme implacable. Du temps qui s’égrène. Qui nous rappelle à l’ordre.
D’une journée bien remplie. Parce qu’elle commence quand on l’a décidé.
Le début est important. C’est comme un départ. En voyage.
C’est mon impression, d’ailleurs. D’avoir voyagé. Dans le temps. Doublement.
En m’éloignant. De lui. Et d’autres par la même occasion.
En me rapprochant. De moi.
Une sorte de vol intérieur m’a fait franchir bien des fuseaux horaires. Sans que je m’en aperçoive. Sur le moment. Je devais progresser dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Car, là où je suis parvenu, ce n’était pas plus tard. Mais beaucoup plus tôt.
Ça tombe bien. C’est mon tempérament. De faire plutôt. Ou de plutôt faire. Ce que je fais aujourd’hui. J’ai mis de la distance. Avec pas mal de sujets qui me semblaient essentiels. Pour me concentrer sur ce qui m’est vital.
Ce que je devinais important l’est encore davantage.
Ce qui n’en avait que l’air s’est envolé. Au fil du temps.
Mon corps s’est mis à l’unisson.
Un peu poussé par l’accumulation.
Des horaires sans heure.
Des nuits si courtes qu’on pourrait s’en dispenser.
De l’excitation. Du changement.
De ce qui rendait mon quotidien si présent.
Presque parfait. Composé différemment.
Plus simple.
Avec un avant-goût de futur non conditionnel.
Et hier, jolie surprise.
Il avait repris du service.
Il était tout sourire.
Tout fier. De se faire entendre.
Moi aussi.
J’ai aimé cet instant.
Au rythme plus apaisé.
Moins en décalage.
J’ai remis les pendules à l’heure.
Dans une grande partie de ma vie.
Il y a encore à faire.
Tant mieux.
Ça le réjouit d’avance.
Mon réveil matin.

« Si l’avenir appartenait vraiment à ceux qui se lèvent tôt, je devrais être un riche propriétaire. Je préfère sans doute être un locataire heureux. Des belles soirées qui n’en finissent pas »
Léo Myself

 

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