Je me demande encore. Comment elle est venue. Cette drôle d’idée.
Sûrement d’assez loin. Un truc dans ce genre demande une véritable digestion. Voire gestation. Sans doute en train de s’insinuer dans mes cellules grises depuis plusieurs mois. D’évidence, avant d’en arriver à L’IDÉE, les balbutiements de mon moi, surmoi, émoi et moi et moi, ont besoin de se frotter les uns aux autres. Pour se débarrasser du superflu. Se concentrer sur l’essentiel.
Et l’essentiel, ce sont ces putains de câbles et de prises. Avec lesquels je me débats.
Issue incertaine. Je n’ai pas de prise. Justement. Sur les crocs-en jambe des uns et les disjonctages des autres. Tant bien que mal, j’essaie d’y mettre bon ordre.
En vain, je le crains. Je finis par en sourire.
Ne pas avoir d’emprise sur des prises, échouer à communiquer avec des câbles, être rasoir d’obstination avec des fils. C’est assez drôle, en fait.
Sauf que. L’une de ces femelles (oui, les prises murales le sont généralement !), me donne un sacré fil (nous y voilà) à retordre. Dès que je m’approche, elle se voile la phase, s’arrange pour que le courant ne passe pas. Soi-disant, parce que ses précédents branchements l’avaient pas mal court-circuitée. J’ai beau lui dire que je n’ai rien d’un fusible, elle persiste. Plus, elle trouve toujours quoi faire pour survolter mon compteur. Nous en étions là de nos échanges quelque peu électriques.
Quand L’IDÉE surgit, telle un illumination (ouais, c’est facile, j’avoue…).
Et si je trouve un moyen de m’en passer ? Des câbles, fils, prises et tout le saint-frusquin ! Ah ah, cette fois, je tiens la bonne polarité !!! Peu doué dans ce domaine, je fais part de ma réflexion à l’électronicien réincarné tapi au fond de moi… Oui, parfaitement, la métempsychose est accessible à tout le monde, bien sûr !
Il fait une drôle de bobine mais se met en 220 V. Et reconnaît mon idée brillante (re-facile). Se débarrasser de ce qui nous entrave, nous ficelle à tous ces enchevêtrements si compliqués à dénouer. Avec une pointe d’impédance, il ajoute qu’il veut bien élaborer un tel système si j’accepte de l’associer à ce trait de génie.
Complètement positif, répondis-je (d’autant qu’il s’agit d’une part de moi-même !) !
Ça tombe pile. Il a déjà terminé. Ça fonctionne. Liberté !
D’être branché sans contrainte. Comme on veut. Où on veut. Quand on veut.
En un éclair, j’arrache tous les câbles, je vire toutes les pri………
Je vois soudain que la récalcitrante n’ampère pas une. Et que, malgré l’air neutre qu’elle affiche, elle ne prise pas cette innovation.
Je ne sais pas ce qui m’a prise.
Pris, pardon.
Je lui ai dit qu’elle continuerait.
Elle. Elle seule.
Que ce n’était pas la fin du monde.
Mais le début d’un autre.
Un monde sans fil.
Mais pas sans fille.
Un monde où elle a toujours sa place.
Unique.
Question de longueur d’onde.
Un monde nouveau.
Qu’on appelle « OuiFille »…
« La logique nous amènera toujours d’un point A à un point B. Ou du – vers le +. Mais l’imagination nous mènera partout (d’après Albert Einstein). »
Léo Myself