On peut en rater. Plus ou moins. Parfois beaucoup plus. Qu’un peu moins.
Ils définissent notre parcours. Balisent notre chemin.
C’est toujours par surprise. Qu’ils se présentent à nous. Pas de fourberie. Juste de l’inattendu. On les prend. Parce qu’ils s’offrent à nous. On les évite. Puisqu’on n’en veut pas. Finalement. Courbes, là où on voudrait une ligne droite. Sinueux, quand on aimerait un tracé rectiligne.
Je pourrai les tordre. Jusqu’à les rendre bien raides. Le profil souhaité.
Est-ce le bon moyen ? Écrire. Écrire jusqu’à n’en plus pouvoir.
Dormir. Dormir jusqu’à n’en plus vouloir.
De ce réveil. Où nous rattrapent les lacets de notre vie. Dormir. Beaucoup. Ne plus ouvrir les yeux. Sur les lendemains qui déjantent. Rien de plus banal. Dans une épingle à cheveu. Écrire. Pour laisser une mémoire. Une histoire. Pas un conte de fées. Juste une histoire. Faite de lumière et d’ombres. D’espoir et de déceptions. De courage et d’abattement.
Une vie ordinaire. Dont on peut croire qu’il suffit. De mettre un pied devant l’autre. Pour y arriver. Même s’ils sont bêtes. Les pieds. À ce qu’on dit.
Perso, j’ignore s’ils sont vraiment aussi ignares. Qu’on le prétend.
Pas pu vérifier. Mes arpions me font la gueule. Depuis que je les ai défiés au Petit Bac… Pas doués pour les chicanes. Ni eux, ni moi.
Ils dévient notre chemin. Nous entrainent dans une autre direction. Jamais celle souhaitée. Imaginée. Ouvrant des perspectives nouvelles.
Objet de curiosité. Pour qui veut se donner la peine. De ne pas gaspiller le temps. Qui nous reste. 3 mois, 3 ans ou 3 décennies, peu importe. Seul ce qu’on en fait compte. Tant qu’on le fait à temps. Celui qui nous reste.
Ils posent leurs jalons indécis sur nos pauvres certitudes. Ils bousculent nos repères, font voler en éclats notre vision. Ou l’élargissent. L’enrichissent. De tous les possibles. Vers lesquels ils nous font dériver.
Ils sont malins. Très.
Souvent on ne sait pas. Quand on les aborde. À quel point. Ils vont infléchir le cours de notre existence. Vers quel destin ils vont nous emmener. C’est leur charme.
Qu’on ne puisse rien prévoir. Rien envisager. Rien décider.
Juste accepter. Tangente vers ailleurs ou demi-tour sur place.
On ne peut résister.
À leur force.
Centrifuge.
Ou centripète.
À la capacité qu’ils ont.
De nous faire sortir.
De la route.
À nous faire visiter.
Les replis insoupçonnés.
De notre vie.
Avec rage.
J’attends le prochain.
Pour ça.
Je les aime.
Pour ça.
Mes virages.
« Quelle que soit la trajectoire, ne pas y résister. Épouser leur tracé. Sentir leur malice. Comprendre leur influence. Les virages font de notre existence un parcours du combattant. Mais sans combat, peut-il y avoir de l’envie. Et sans envie, y a-t-il une vie ? » Léo Myself