Absolution 2.0

ABSOLUTION 2.0C’est tellement pratique. Quand il y a un problème. De lui taper dessus. Sans savoir. Si c’est réellement lui. Le responsable.
Il est là pour ça.
Parce que c’est pratique. Genre « c’est pas moi, c’est lui ! ».
Ça ne date pas d’hier. Souvenez-vous. Le passage à l’an 2000. Celui à l’euro. On nous prophétisait déjà. Le grand chambardement. Le bordel maximal. Tout juste si on allait y survivre. Si oui, ce serait un retour au Moyen-Âge. Minimum.
Et pourtant. Rien. Ou presque. À peine une petite ride. Sur la mer. Où dérivent nos vies… Mais il est toujours là.
Prêt à en prendre plein la gueule. À servir d’excuse. Surtout. À ce qui est inexcusable.
C’est pratique.
D’avoir cette possibilité. Pas de question. À se poser. Pas de remise en cause. Puisque la cause, c’est lui. Mieux qu’un alibi. Un coupable. Pour tout. Comme le Schmürz de Boris Vian. L’aspirateur est en panne ? Le Schmürz ! Votre promotion tombe à l’eau ? Schmürz ! Vous manquez le dernier tram pour rentrer ? Le Schmürz !
Putain que c’est bon ! Fini les prises de tête, les bouffées d’infamie, la responsabilité anxieuse, le remords, les regrets, l’obligation de se sentir « désolée », de devoir le dire…et, juste après, d’avoir cette irrésistible propension. À se couvrir la tête de cendres…
Oubliez vos faiblesses. Cédons à la tentation. Soyons insouciants. Inconséquents. Fous et folles. Rien à foutre. Il est là. Pour ramasser. À notre place.
C’est vraiment trop cool.
Et pratique.
Tellement. Mieux que du champagne. Dans son aptitude. À nous rendre légers.
À tel point qu’on pourrait finir par lui en vouloir. De nous faire oublier. Que le poids de nos actes finira, un jour. Par nous retomber. Sur la tronche. On arrive à ne plus l’imaginer. Tant il nous soulage. De ce qui pourrait plomber. Nos lendemains. Où la vérité nous rattrape. Où notre reflet nous fait la grimace. Parce qu’il nous trouve moches. Minables. Malfaisants. Pleutres. Lâches.
Il suffit de se souvenir. Que c’est son rôle.
Surtout aujourd’hui. Qu’il a un remplaçant. Tellement plus branché. Dans l’air du temps. Remplissant les mêmes fonctions. Régénéré. À chaque évolution technologique. À chaque révolution. Techno ethnique. Plus besoin d’un personnage. Cette entité virtuelle échappe à tous les archétypes. Il est l’universel rédempteur.
De nos impulsions.
Il agit comme une absolution.
Nous exemptant de nos errances.
Pourtant.
Il n’est rien.
Rien de plus.
Que ce que nous voulons.
Qu’il soit.
Bienvenu au pays du « tout est permis ».
Car il sera toujours là.
Pour endosser.
Nos propres conneries.
Le bug…

« Je me demande, parfois, si ce qui veut dire punaise en anglais n’est pas juste le moyen le plus simple. De pointer nos propres imperfections. Et de s’en dédouaner même temps. »
Léo Myself

 

 

 

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