Tous les jours. On en apprend tous les jours. En matière de santé, par exemple. Tendance actuelle : la prescription auto-validée. C’est simple. Avant, il y avait des visiteurs médicaux. Ou des visiteuses. Chargé(e)s de promouvoir l’efficacité de nouvelles molécules. Comment veux-tu, comment veux-tu ?…
Par le truchement de séminaires d’information. À Marrakech, aux Bahamas ou en Floride. C’est scientifiquement prouvé. Le soleil, le sable blanc, les cocktails exotiques sont des optimisateurs. D’attention maximale. De compréhension extrême. Je l’ai, moi-même, vérifié.
Une semaine aux Maldives et j’y vois parfaitement clair. Sur les raisons d’être.
Des 51 autres semaines pendant lesquelles je bosse comme un malade…
Malade, justement, nous y revoilà.
Aujourd’hui, réglementation oblige, fini les exposés en bikini, les débriefs à la piscine, les préconisations distillées à la paille…
Nos Diafoirus doivent se démerder. Autrement.
Quitte à recommander un médoc, autant savoir. Ce qu’il vaut.
Quoi de mieux que l’avoir testé ?
Ça dépend. De la coïncidence. Entre une supposée pathologie. Et la spécialité du docteur. Quoi que… Les mystères de la science peuvent révéler bien des surprises.
C’est ce que m’a dit mon psy. Me conseillant un remède de cheval. Au sens propre. Genre amphétamine pour trotteur de tiercé. Sensée régler mon problème d’insomnie. Il m’a rassuré. L’utilisant lui-même. Me rassurant sur son efficacité.
Son regard orangé. Sa façon de grignoter son stylo. Ou les baffes qu’il mettait à son téléphone… En tout cas, un truc m’a incité. À fouiller la question.
J’ai trouvé quelques chiffres sur le net : en France, 2800 principes actifs sont commercialisés sous forme de 12000 médicaments. C’est-à-dire, chaque année, 3,4 milliards de boîtes vendues. Sachant que l’hexagone dénombre pas moins de 282000 diplômés en médecine (soit 1 pour 235 habitants), il faudrait que chacun teste une boîte par semaine. Pour avoir une connaissance accomplie. Du sujet.
Et là, je m’interroge. D’autant plus que mon généraliste me recommande les jus de fruits. Pas n’importe lesquels. Des fruits frais, bio, éthiques, de saison et non importés.
Ni n’importe comment. Leur substance doit être exprimée d’une manière très précise.
En pression à plat…
Devant mon air perplexe, il m’explique. Ce mode d’extraction est le seul qui vaille.
Qui préserve les principes actifs. Qui soit efficace. Parce qu’une orange travaillée avec un presse-agrumes classique, c’est de la meeeerde (dixit J-P. Coffe) !…
Ok, je file sur le web pour trouver l’ustensile adéquat. Et là, je me dis que, certes, la matière première est peu onéreuse (1 kg de bananes, à la bonne saison, est bien meilleur marché qu’un comprimé de Xanax). Mais que l’outil à en faire un coulis de première qualité, lui, coûte la peau des fesses (encore que, n’ayant jamais eu l’occasion d’acheter l’épiderme d’un derrière sur le marché, j’en ignore la valeur financière. Mais j’imagine…).
Pour faire court, j’ai acheté une brique de jus au supermarché. Et rentré chez moi, je l’ai vidé dans une carafe. Ensuite, j’ai aplati l’emballage comme une crêpe.
Extraction à plat. Made in myself. Made in pas cher aussi.
Un peu déstabilisé par ces nouvelles approches, j’ai voulu me rassurer.
En allant consulter. Un autre disciple d’Hippocrate.
Quand il m’a recommandé d’aller voir un magnétiseur. Pour animaux. Histoire d’atteindre la part bestiale qui est en moi. Où tout réside. D’après lui…
Lorsqu’il est parti ronger un os, dans sa niche…
J’ai eu un doute.
Et puis j’ai appelé le SAMU.
Après qu’il se soit démis l’épaule.
En essayant de se gratter l’oreille.
Avec son pied gauche.
Pas très adroit, ai-je pensé.
In petto et en moi-même (oui, je suis polyglotte).
À ce moment, (presque) tout allait bien.
Jusqu’à ce qu’il tente.
De renifler.
Mon arrière train.
Depuis, j’ai choisi.
La médecine chinoise.
Je préfère qu’on me soigne.
Avec une méthode étrangère.
Que chercher à me guérir.
Avec une thérapie.
Qui me prendrait plus.
Que ce que je peux donner.
« Si la santé est notre seul capital, évitons de la confier à des spéculateurs ».
Léo Myself