Haut perché. Ça donne une vision large. Mais manquant de précision. Peut-être. Suffisamment néanmoins pour comprendre. La raison d’être ainsi posé.
Sur cette branche. Fragile. Autant que celui qui s’y accroche. Puisqu’il est là pour ça.
Pour (re)prendre son envol. Pour (re)trouver la confiance nécessaire. Au grand saut. Dans la vie. Ce qu’il en reste. À découvrir. À parcourir.
Le problème, c’est que ça fait un bout de temps. Qu’il y est sur cette branche. En équilibre instable. En déséquilibre insupportable. Nul besoin de s’essayer. À déployer ses ailes.
Il y a des lustres, il s’en est servi. Il est monté au firmament. Puis, tombé en piqué. Touché par quelques plombs. Dans l’aile. Bien sûr, loi de la gravité oblige, ces mésaventures vous ramènent sur terre. Un moindre mal. On y laisse forcément des plumes. Difficile de décoller à nouveau, ensuite.
On s’attache alors, simplement, à mettre une patte devant l’autre. On tente, parfois, de reprendre de l’altitude. La moindre distance parcourue nous y fait croire. Pourtant, jamais assez loin. Assez longtemps. L’azur devient un rêve. Inaccessible. Un horizon. Hors de portée.
À force d’arpenter le plancher des vaches, un jour on se prend les pattes dans un piège. Le miroir aux alouettes. Celui du vieux Paul. On ploie sous le poids. De ne plus savoir. Attraper le ciel. On accepte alors. De n’être plus qu’un appeau.
Posé sur cette branche.
Illusion. Que tout va bien. Que tous les oiseaux peuvent s’envoler. Vers une destin meilleur.
Posé sur cette branche, la glue l’y maintient.
Depuis 18 mois. Lui assurant une maigre béquée. Et qu’il pourra, bientôt fendre l’air.
À nouveau. À condition de continuer. Sagement.
À faire CUI CUI.
À faire ce qu’il sait faire. Bien mieux que les autres. D’une couvée semblable. Mais tellement moins expérimentée. À faire bien mieux. Que celle qui prétend savoir. Comment faire. Quoi faire. Qui prétend avoir raison. Parce qu’elle a une feuille tamponnée.
Une feuille morte. Les feuilles mortes volent. En effet. Mais ne savent pas pourquoi.
Lui, si. Il n’a pas oublié. Ce que sa chute a pu lui apprendre. Sur les vents, les courants, ascendants comme descendants. Sur l’éphémère des certitudes. La constance des fluctuations. Un jour en haut. Un autre, en bas. Rien n’est jamais définitif. Certain. Acquis. Il faut constamment veiller.
À prendre appui. Sur les leçons. Données par la vie.
Sur les compétences. Acquises dans l’épreuve.
Une capacité ne s’acquiert pas. Elle se conquière.
Un rang n’est rien. Juste le témoin d’un modèle. D’un schéma. D’une époque.
Voler n’en dépend pas. Voler ne s’apprend pas.
Voler se comprend.
Par les ratés.
Les échecs.
Les blessures.
Voler doit être désiré.
Mais jamais décrété.
Voler c’est aussi décider.
Décider d’arrêter.
De faire CUI CUI…
« Comme un oiseau sur la branche… Qui comprendra, en premier, qui doit quelque chose à l’autre ?… »
Léo Myself