
NOUVEAU GENRE
Voilà, c’est décidé. Acté. Officialisé. La question du genre est tranchée.
Les couilles, omnipotentes depuis des siècles, sont coupées. Dans les textes, avant les sexes. Tant mieux. Ça laisse un peu de temps. Pour leur trouver un refuge. À nos roubignolles. Et nos bites. Symboles du mâle. Bien que féminins dans notre orthographe. Les unes comme les autres semblent devenir personna non grata. Ou plutôt devrais-je écrire « les un.e.s comme les autr.e.s » si je m’en tiens à ce que j’ai pu lire deci delà. Cahin caha.
Sur le fond, je n’ai rien contre. Sur la forme, je suis plus partagé. D’abord parce que le fond affirme sa masculinité. Assez drôlement paradoxal. Un substantif féminin (masculinité) permettant de marquer le sexisme dominant du « fond », qui reste indécrottablement doté d’un pénis grammatical, ça ne manque pas de saveur… Et la « forme » semble assimiler la femme à ce qu’elle désigne. Donc, pour résumer, tout en allant jusqu’au bout du processus (ou de la démarche pour contenter chacune et chacun) : si le « fond » pose depuis si longtemps ses roupettes sur la table alors que la « forme » exprime, avec la même antériorité, sa féminité, quelle place donner à celles et ceux qui ne se reconnaissent ni dans l’un.e ni dans l’autre ?
Certes, les mot.e.s ont leur importance. Il.elle.s désignent, identifient, qualifient.
Mais une montagne reste aujourd’hui plus haute qu’un mont. La campagne plus large qu’un camp. On peut se battre à coup de point milieu. Parce que la « milieuse » reste peu compréhensible. Aujourd’hui.
D’ailleurs, faut-il continuer. Ou faut-elle continuer ? À dire aujourd’hui. Plutôt « qu’àlajournéed’elle » ?
Je ne suis pas une personne savante (ainsi je ne fâche quiconque). Juste un homme qui s’interroge. Et ne s’est jamais offusqué. Qu’UNE question appelle UNE réponse. Les femmes auraient-elles donc l’exclusivité des interrogations ? Et des répliques à leur donner ? Uniquement parce que tout ça se conjugue au féminin.
L’erreur, l’impardonnable erreur est là.
C’est un combat en terrain miné. Sans vainqueur. Ou vainqueuse. Avec seulement d’innombrables victimes collatérales. À l’heure actuelle, une grande partie de nos enfants peine à maîtriser les rudiments du langage. Après plusieurs années de scolarité. À leurs yeux, féminin ou masculin n’ont sans doute pas d’importance. Pas plus que l’imparfait du subjectif. Ou le passé recomposé. Comme nombre de leurs familles.
Et de quelle manière intégrer cette syntaxe « multigenresque » dans le vocabulaire portable ? « Mdr » devenir « m.e.dr » ? « Oqp » s’afficher « oqp.e » ? Un texto se transformer en un.e texto.e ?
Cette volonté (n.f…) de satisfaire la moindre revendication n’est-elle pas, en fait, une nouvelle forme (encore…) de démagogie (n.f. aussi…) ? D’éviter le moindre recours en justice pour propos sexiste ? Mais appeler un chat un.e chat.te… J’entends déjà les hurlements des ligues en tout genre. Qui n’en voudront pas. De ce.tte genrification.e à la con.ne. Humiliant ce noble animal en l’assimilant à une foufoune prête à miauler.
Bref, à vouloir inclure à tout prix, on fabrique des barrières. Des murailles toujours plus difficiles à franchir. Isolant les un.e.s des autres. Les sachant.e.s des incapables d’assimiler cette novlangue.
Alors on les parquera. Dans des camps.
De cons sans trait. D’esprit.
Réformons, réformons !
Peu importe sur quoi, mais laissons une trace !
Je parierai bien.
Sur la victoire.
D’une langue simplifiée.
Accessible à toutes et tous.
Genre « miam », « grr », « slurp », « aïe », « ouf » ou « glouglou ».
Exprimant l’essentiel.
Sans le superflu.
De nos élites.
Qui ne sert que leur égo.
Ainsi, nous le deviendrons.
Égaux.
D’un nouveau genre.