Le fait pas !

Vieux dicton populaire. Ayant survécu à toutes les secousses  de l’histoire. Guerres, révolutions, soulèvements, épidémies de peste, marées d’équinoxe, pleines lunes et j’en passe. Sa côte reste invariante. Il revient régulièrement dans les discussions.
Surtout celles où la philosophie puise sa source. Autour d’un comptoir, d’une table conviviale ou d’une pique-nique aussi festif qu’arrosé. Voilà pourquoi je parle de source.
« Il ne le fait pas ». Quoi donc, pensè-je in petto et en moi-même, très à l’aise dans ces deux langues ?!
L’argent, bien sûr ! Le pognon, le flouze, le pèze, le guano, l’oseille, le fric, la thune, la fraiche, le grisbi, la galette, l’artiche… Non, non, non ! Il ne « le fait pas », nous assure-t-on, depuis la nuit des temps. À force d’entendre cette antienne, nous finissons par en être persuadés.
Nul bémol n’y change quoi que ce soit. Y compris le fameux « …mais il contribue », ajouté par les moins impécunieux.
C’est toujours ainsi. En soi, posséder n’est rien.
Mais posséder ce que les autres n’ont pas revient à être assis à la droite.
De dieu. Ou de son banquier. C’est à peu près pareil.
À première vue, l’argument est limpide : ne pleurez pas si vous en manquez.
Puisqu’il « ne le fait pas ».
Ensuite, ce qu’à la campagne on appelle le « coup de pied de l’âne » : mais en avoir n’est pas un inconvénient. À défaut d’être une aide.
Néanmoins, récemment, j’ai eu la preuve du contraire.
Foin d’une démonstration sociologico-financiaro-économique. Simplement les propos d’un vétérinaire. Rapportés par une amie. Qui souffrait d’un mal de chien. Raison qui la mena chez le susdit praticien. Préoccupée qu’elle était. Par sa nouvelle petite famille. Examen détaillé, auscultation minutieuse. Vérification attentive des carnets. De vaccination, pas de notes.
Le diagnostic fut sans appel. Et une seule question posée. Par le spécialiste de la santé animale : « Madame (ou mademoiselle), portez-vous en permanence vos bracelets en argent ? ». Un hochement du chef suffit à répondre. Par l’affirmative. « Vous ne songez jamais à les décharger ? ». Regard perplexe de la dame (ou demoiselle). « Comment ça, les décharger ?  Comme une batterie de smartphone (elle connaît bien le sujet, capable d’une thèse en la matière…) ? ». « Non », rétorqua l’ancien élève d’Alfort (ou de Toulouse, peu importe). « Décharger comme on pose des valise trop lourdes à porter ».
Un poil interloqué, elle reprit « Mais si je le décharge, comment faire pour recharger ? Sinon, plus de communication… ».
« L’important est ailleurs ». « L’important, c’est que vous exposez votre entourage – et notamment votre nouvelle petite famille – à ce qu’ils contiennent ! ».
« Mais quoi donc, putain de bordel de merde ! », s’emporta-t-elle. (NDLR : propos ajoutés par le scribouillard auteur de cette note, cette dame – ou demoiselle – n’employant jamais de pareils termes de bas étiages)…
D’un ton docte, il précisa : « Votre histoire, vos heurs et malheurs y sont gravés. Aussi sûrement que le texte décrypté par Champollion le fût dans une pierre de l’Égypte Ancienne ! ». « Ôtez-les ! Sur le champ ! ». Ne voyant aucun pré aux environs, elle hésita. Étant blonde et sibérienne, ceci explique cela… Elle obtempéra sans discuter, même sans avoir trouvé le champ. Résultat, j’imagine, des nombreuses décennies d’obéissance aveugle imposée pour le communisme soviétique et bolchévique…
Bref, sitôt dit, sitôt fait.
Et voilà madame (ou mademoiselle) qui repart avec ses 2 nouveaux compagnons/compagnes (il y a une fille dans l’histoire, si j’ai bien tout capté…).
Revenue « at home » (oui, l’ex URSS s’est bien occidentalisée…), elle s’occupe de leur confort et de leur bien-être. Quelques croquettes par ci, un coussin par là, Pierre Bellemare à la télé. Plus fun que Bougrain-Dubourg avec son air de Roger Gicquel déguisé en cocker triste (comme aurait dit Joe).
Au moins, Bellemare, il raconte bien et sait nous captiver.
Ces tâches de haute responsabilité effectuées, puis après avoir passé 3 ou 4 heures au téléphone avec votre modeste narrateur (cf. plus haut « la batterie déchargée »…), le temps est venu. De faire dodo.
Sujet d’inquiétude pour elle qui, après avoir été, de longues années, stagiaire titulaire pré-doctorante post-master à la Clinique du Sommeil, a toujours autant de mal à le trouver.
Le sommeil.
Pouf pouf sur les oreillers. Hop hop sous la couette.
Et là, l’improbable, l’incroyable, l’inimaginable.
Huit tours de pendule après une ronflette sans sursaut, sans le moindre intermède tisane/tranche de jambon/whisky/petite faim et pipi-je-me remets-au-lit, le réveil.
Que dis-je le réveil ??!!
Une renaissance !
Piégés dans l’argent de ses parures délaissées sur un coin de commode, ses soucis se trouvèrent bloqués, sans les papiers idoines pour la franchir,  à la frontière de ses rêves.
Et quand on sait où les soucis sont, on peut se payer une bonne tranche de repos nocturne bien mérité.

Bien qu’elle puisse avoir un côté laborieux, cette démonstration le nécessitait. Après tout, Einstein n’a pas élaboré sa théorie en faisant la vaisselle. Mais en pliant une nappe.
CQFD.
L’argent ne fait pas le bonheur.
Il est aujourd’hui démontré que s’en défaire permet de bien dormir.
Et donc de vivre mieux.

« Message à l’attention de Bill Gates, François Pinault et autres Bernard Arnault : n’hésitez pas à vous décharger sur moi de vos problèmes d’argent. Je suis LA solution ! Je consulte par téléphone ou internet et j’accepte toutes les formes de règlement. CB, Visa, Mastercard, Western Union, etc. C’est si gratifiant de pouvoir rendre service … »

Léo Myself

 

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