SIRE RAOULT DE VERTDERAGE

En ces temps troublés, mieux vaut mesurer ces propos
Que se lancer dans un concours de quéquettes.
Aussi vain que sot.
Histoire d’égos qui n’étaient pas égaux,
Voici livrée en quelques vers bien verts, la supposée réplique d’un pro des maux
À ceux qui étaient surtout des poseurs de mots.
Il les côtoyait depuis si longtemps, il les connaissait si bien,
Son Hexachoroquine et son Azythromycine. Qu’il n’accepta point les moqueries des puissants si impuissants.
Surtout qu’ils s’accordent un tel droit de leur faire grise mine.
Sa réplique fut sans appel.
Il leur cloua le bec à grands coups de sa pelle
Si bien emmanchée de belle inspiration et de vive répartie…
En quelques mots très clairs voici ce qu’il leur dit :

« Ah non, c’est un peu court jeunes roitelets !
N’avez-vous rien de plus intelligent ? Ou de moins laid ?
C’est un peu bref, votre cerveau est en short ?
Car moi, je n’y serais pas allé de main morte !
Voulez-vous des exemples, éclairer votre matière grise ?
Pour cela, permettez qu’un chouïa je dramatise
Et qu’en y mettant le ton, je vous pulvérise….
Par exemple :
Agressif : « T’as du bol que je sois plutôt cool,
T’auras chopé l’virus bien avant mon coup d’boule ! »
Amical : « Mon look te fait marrer ? T’inquiète pas
Moi aussi, chaque matin, j’en reviens toujours pas… »
Descriptif : « Cette expérience qui fonde ma compétence
N’est que le reflet grossissant de votre inefficience ! »
Curieux : « À quoi peut être utile un tel talent ?
Achille en avait un qui lui coupa les jambes ! »
Gracieux : « C’est parce que j’aime tant sauver les vies
Qu’Hexachloroquine et Azythromicine sont de si chères amies…»
Truculent : « Comprends-tu, tête de pine, qu’à la vue
De tels résultats, mes patients fassent la queue jusqu’à perte de vue ?! »
Prévenant : « J’ausculte, je détecte, diagnostique et puis traite,
Jusqu’au plus minuscule des insectes, comme au plus vil des traitres. »
Tendre : « Être ainsi virulent, je le dois à mon père
Qui, contre la suffisance, fut toujours un repère. »
Pédant : « Ignores-tu, crétin, que tous les génies
Ont des idées en proportion de leur grand esprit ? »
Cavalier : « Putain, en voilà un drôle de rigolo !
Pas des plus sympathiques, mais des plus originaux ! »
Emphatique : « Avec un tel savoir, c’est des jours et des nuits
Pour s’apercevoir qu’on n’y trouve qu’un orgueil infini ! »
Dramatique : « Le jour où l’on a découvert ce virus,
Plus qu’à l’échevelé, on aurait dû faire signe aux Russes… »
Admiratif : « À ce stade ce n’est pas du flair,
C’est de l’inspiration que reconnaissent vos pairs ! »
Lyrique : « Là où Marseille avait sa sardine,
C’est beaucoup plus grand, que moi, je vois la médecine… »
Naïf : « Sais-tu, petite bite, que si point je ne me ramasse
C’est vous tous, tous ensemble, qui boiraient la tasse ? »
Respectueux : « Leur ombre me précède, une ombre bien vivante
Puisqu’ils acceptèrent que sur eux mon traitement je tente. »
Pratique : « Vous cherchez peut-être le gros lot
Mais moi ce que je cherche, c’est à sauver ma peau ! »

 Voilà ce que vous auriez pu dire, pauvres sots
Si vous saviez faire une autre chose dans votre vie
Que vos pitreries sur les médias et les réseaux sociaux…
Mais, pour cela, encore fallait-il que l’envie
De trouver les bons mots ne soit pas orpheline
Du dico sans lequel votre cerveau n’est que ruines…
Et même si tu l’avais pu, t’aurais même pas su
Extirper ces flèches assassines de ta bouche
Car, devant ton air quoi et de vrai trou du cul,
Je saisis mon carquois et, à coup sûr, j’fais mouche ! »

Léo Myself, le 28 mars 2020, librement inspiré de la « tirade du nez » de Cyrano de Bergerac

 

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Remember

J’aime bien les rappeler. À l’ordre. Ou dans le désordre.
Ces fragments. Ces polaroïds. Éphémères bien sur. Comme tout instantané.
Vivant l’espace du temps. De son existence. Brève, furtive. Ce qu’il en reste aujourd’hui. Comme des cendres à la fin d’un brasier. Comme si ce qui a disparu ne l’est pas vraiment tout à fait. Puisqu’il en demeure des traces. Ce qui semble mort peut ressusciter. Ce qui paraît éteint peut se rallumer. Juste parce qu’on se souvient.
Du bois alimentant le foyer. De la vie fabricant son propre chemin. Les cailloux qu’elle y sème. Pour permettre au Petit Poucet que nous ne cessons d’être de l’emprunter à nouveau. Il n’y pas d’ogre au bout. Il n’y a que nous.
Les nôtres. Les rêves qu’ils nous ont inspirés. Que nous poursuivons. Encore. Et toujours. En revenant sur nos pas. Pour vérifier que nous sommes dans la bonne direction. Celle qu’ils avaient tracée. Nos rêves. Parfois, on s’aperçoit de la dérive. Question d’azimut. Un degré de différence au départ, on se retrouve vite loin. Voire aux antipodes. De ces putains de rêves.
Ils sont pourtant là. Toujours. Sur notre livre de bord. Route à suivre.
Quels que soient les vents. Même enfouis à fond de cale. Dans l’entrepont de notre mémoire. Ils sont là. Indiquant la voie que notre boussole hésitante s’obstine à nous indiquer. Le cul entre hier et demain, le cœur entre deux eaux, la tête à l’envers, la vie à mi-chemin du désir d’être et de la volonté de ne pas avoir été. De ne pas avoir été ailleurs. Qu’à l’endroit où l’on devait se trouver. Pour ne pas risquer de se perdre. De ne plus voir les signes qu’on avait à suivre. Pour y arriver. Si tant est qu’on puisse vraiment. Y parvenir. Au fil des années, ils s’éloignent. Deviennent diffus, vagues, parfois confus. Alors, on s’efforce à les ramener dans notre présent. À les faire revivre comme si notre passé s’écrivait de nouveau chaque jour.
Ils sont une sorte de valise. Rangée dans un coin. Presque oubliée.
Mais pas tout à fait. Elle ne s’ouvre pas sur commande. Elle décide.
Du moment. De l’occasion. De la possibilité. En fonction des circonstances. De notre éventuelle perméabilité. À l’averse qui, de temps en temps, peut nous submerger.
Cette pluie conjuguée au parfait du subjectif. Ce passé décomposé qui refuse son destin inéluctable. De l’oubli. De l’effacement. Qui s’accommode de tous les travestissements dont nous pouvons l’affubler. Même déguisé, on le reconnaît.
Chaque fois qu’il se présente à nous. Les yeux fermés nous les voyons. Les oreilles muettes, nous les entendons. Nous les écoutons. Nous comprenons, soudain, tout ce qu’ils nous racontent.
Parce qu’ils sont bavards. Très bavards. Ils nous parlent de qui nous aurions pu être.
De ce que nous sommes devenus. Parfois.
Ils sont exigeants. Intransigeants. Ils sont persistants. Insistants. Résistants.
À l’épreuve des années, des décennies. De l’horloge qui s’impose à nous tous.
Ils ont aussi vifs qu’à la première heure. Ils ne vieillissent pas.
Ils peuvent même nous aider.
À ralentir le cours du temps. À croire aux illusions qui peuplaient l’avenir. Que nous imaginions. À ces jours futurs que nous espérions.
Fugaces signaux imprimés dans notre inconscient, ils réapparaissent.
Lorsqu’on s’y attend le moins. Ou quand on n’y est pas préparé.
L’effet de surprise est un de leurs atouts. Nous sauter à la gorge, sans prévenir, nous envahir, d’un seul coup. Nous conquérir encore une fois. À travers les idéaux auxquels nous étions attachés. Si attachés. Ligotés. Menottés.
Histoire de nous mettre le nez dans notre caca. De nos errances. De nos compromissions. De nos renoncements. Des aspirations que nous avons enterrées.
Mais aussi des voies que nous avons ouvertes. Sans savoir qu’elles existeraient. Simplement à cause de cette capacité incroyable.
De faire fi des serments. Que nous nous étions prêtés.
Croix de bois, croix de fer. Quand la vie va à l’enfer… Ou de l’envers à l’envie…
Quoi qu’il en soit, ils nous habitent. Ils nous hantent.
Pas des fantômes. Davantage des stigmates.
De notre conscience.
Ancienne.
Pourtant si actuelle.
Ils sont les fondations.
Ces rêves à la con.
Ces souvenirs obstinés.
Ils nous façonnent.
Nous (re)construisent.
Contre les vents du temps qui passe.
Et les marées qui grignotent nos grèves.
Qui cherchent à nous amputer.
Ils me démontrent à quel point je suis vivant.
Encore.
Oui, ils me rassemblent.
Me remembrent.
Re-member…

« Nos souvenirs sont ce que nous en faisons. Des photos jaunies dans un album oublié. Ou un cadre ne demandant qu’à être rempli… »

 Léo Myself
Palais sur Garonne, le 12 juillet 2019

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La frontière

Où est-elle ? Où sont-ils ? Son début et sa fin.
Délimitation volatile. Entre rêve et réalité.
Où est-elle ?
Infime « no man’s land » où le flou le dispute à l’incertain.
Où l’espoir ce confronte à l’interrogation.
Sans vraiment se connaître, on semble se plaire.
Sans le savoir, on cherche à se découvrir.
Sans vouloir se séduire.
Et pourtant. Toujours ce mystère étonnant.
Toujours cette alchimie peu explicable.
Se toucher. Vérifier ta présence.
Qu’il ne s’agit pas d’un songe.
Éveillé.
Sinon, j’aime autant me rendormir.
Non, finalement.
Je préfère cet éveil improbable.
À toutes les anesthésies.
Où est-elle ?
Cette barrière infranchissable.
Qui semblait l’être.
Tant que je n’avais pas traversé.
Tant que je n’avais pas sauté le pas.
Je ne l’ai pas fait seul.
Seul, il n’y a aucune raison.
De prendre un tel risque. De tenter l’aventure.
Plonger dans l’inconnu.
Décider, par avance, d’en accepter l’étrangeté.
Ne pas avoir peur. Surtout pas la peur.
N’y voir qu’une chance.
Une vraie raison.
De trouver ce qu’on ne cherchait pas.
Juste là.
De l’autre côté.
Il y a quelques décennies.
Une petite fille venait au monde.
Je n’en savais rien.
Parce que j’en faisais déjà partie.
De ce monde.
Chacun(e) a suivi son chemin.
Chacun(e) a parcouru sa route.
Distant(e). L’un de l’autre.
Ignorant(e). L’un(e) de l’autre.
Sans savoir, qu’un jour, ils se croiseraient.
Se regarderaient. Se parleraient.
S’embrasseraient.
S’embraseraient.
Parfois.
Comme deux étoiles.
Imaginant leur rencontre.
Espérant qu’il en surgirait une supernova.
Un soleil faisant pâlir le soleil.
Où est-elle ?
Cette ligne presque invisible.
Cette frontière improbable.
Cette douane sans contrôle.
À part celle imposée par les règles.
Venues d’ailleurs.
Décidées par d’autres.
J’ai jeté mon passeport.
Brulé tous mes papiers.
Seule solution.
Pour devenir un clandestin.
Un expatrié.
Je le suis enfin.
Libre.
De passer.
Cette putain de frontière.
Essayer la retrouver.
De l’autre côté.
Peut-être.

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BON PIED, BON OEIL

Après un long silence empli de points d’interrogation, elle m’annonça, d’une voix clairement sous contrôle : «  Votre pied est serein et détendu…». Ouf, me dis-je, in petto et en moi-même (car je parle couramment les deux langues), me voilà soulagée. Au niveau pédestre en tout cas.
« Mais,ajouta-t-elle, votre narine droite m’a l’air de frôler la dépression…».
Merde, ça ne sent pas bon cette histoire (enrichissant par là même le vocabulaire des 2 idiomes sus évoqués). Mon regard, mêlant interloquage soudain et incompréhension profonde, doit être un signal. Évident. Abrupt. Sans concession. D’où son rétorquage aussi immédiat que spontané. « Pourquoi la droite ? ». La déprime a choisi son côté ? À gauche, tout va bien ? Pas de doute ? Ni question existentielle ? Voire existentialiste ? Quitte à pousser le bouchon… Vu que je suis Saint-Émilionnaise. Presque. À 3 rangs de merlot près. « Écoutez,poursuit-elle, si vous êtes venue, c’est que vous avez besoin d’aide. La bonne nouvelle, vous aider, c’est mon boulot. » Effectivement. Une bonne nouvelle. C’est un poil redondant. Pour souligner l’alignement des planètes. Entre le Mercure de mon besoin, si bien identifié. Et le Pluton (2 fois pluton qu’une, désolé, je n’ai pas pu résister) de son savoir. Si savant. Si précieux. Puisqu’il doit m’indiquer l’issue. Dans ce méli-mélo. Où ORL égale « Oublier – Remémorer – Larguer ». Faut pas m’en vouloir. Parce que j’essaie. D’être moins basque. De devenir la sibérienne. Que ma chevelure prétend signaler. Basque je suis, basque je reste. Sibérienne un jour, si pérenne un autre. C’est la raison. S’il y en a une. Pour laquelle. Je suis en présence. De cette spécialiste. C’est écrit sur la plaque de son cabinet. J’en ris depuis toujours. Pourquoi un cabinet ? On vient y déverser son trop plein ? Y chier l’excédent ? Le surplus ? Mal digéré. Des parts trop copieuses. Trop indigestes. Que la vie nous sert et nous ressert. À l’envie. Justement. Quand elle nous manque le plus. L’envie. Bref. Je continue. À être attentive. Concentrée. Mais son histoire de « pied serein » me trotte dans la tête. Il y a la place pour. Précisément. C’est l’objet de ma visite. L’espace. À remplir. Là. Juste là. « Et votre coude, comment va-t-il ? Rien de spécial ? ». Triple buse, à part être capable de se lever de façon idoine, à quoi servirait-il ? Un aparté : pour quelle raison la buse est-elle, ainsi, symbole de simplisme, voire de simplicité (au sens médical du terme, bien entendu). Perso, je serais assez chiffonnée. Par ce raccourci aussi malséant que dénué de tout fondement. La buse est un oiseau de proie. Donc doué d’une vue particulièrement aiguisée, d’un vol rapide, efficace et précis. De serres puissantes. Affutées. Dans le but d’atteindre. Son but. J’attends toujours l’explication. Qui en a fait l’illustration. De la bêtise incarnée.
Bon, OK. Je dérive.
Les vertébrés tétrapodes bipèdes ailés n’y sont pour rien.
Tandis que l’autre, si.
Elle est en train de m’emmener. Dans de drôles de nuages.
Les cumulo-imbus de son maigre savoir.
Les strato-cunilingus égarant sa langue.
Perdue dans des verbiages sans complément d’objet.
Direct au menton. Indirect, ment-on ?
Errant aux confins.
Du savoir. Du faire. Du savoir-faire.
Sans jamais croiser le faire-savoir.
Posture. Imposture. Rien ne dure. Rien n’est sûr.
On cherche à nous faire croire.
Que des raccourcis existent.
J’ai viendu. J’ai rien comprendu. Je suis repartue.
Si je n’ai rien gagné, je n’ai pas perdé grand chose.
Sauf mon temps. Et un peu d’argent.
Que me rendra la Sécu.
Elle essaie de m’emmener.
Où je n’ai aucun désir d’aller.
Parce qu’elle ne connaît rien.
L’orthophoniste.
Si ce n’est enchaîner voyelles et consonnes.
Quand c’est elle. Qu’on sonne.
Elle ne sait rien.
De ce que qui est en moi.
De ce qui m’appartient.
De ce je peux vouloir dire.
De ma destination.
De ma destinée.
Même pas là.
Où j’aimerai.
Poser le pied.
J’aurais mieux fait.
D’aller voir.
Un orthopédiste.

« La meilleure façon de marcher, c’est de mettre un pied devant l’autre. Et garder les yeux ouverts. Sur le chemin. Que l’on défriche…»


 Léo Myself

 

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15 ans

Vacances…
Jeu.
À toi à moi.
Surtout toi.
Sous le soleil.
Qui donne une couleur.
D’insouciance.
À tout ce qu’il éclaire.
On se laisse porter. Emporter.
Par cette atmosphère légère.
Joyeuse. Pleine d’envie.
On se parle. Longtemps.
On se dit qu’on a 15 ans.
Peut-être moins.
Des bulles dans la poitrine.
Comme à 15 ans.
Tu me donnes rendez-vous.
On se raconte. On revit nos vies.
Les exposant. Sans retenue.
Il n’y en a aucune entre nous.
Dès le début.
La soirée nous emmène du côté de la nuit.
Mais il faut davantage pour la partager.
La nuit.
On se quitte à rebours.
Dans une embrassade.
Intense. Immense.
Comme à 15 ans.
Sur le chemin du retour, je vole.
Je suis un nuage d’émotion.
Parmi les autres nuages.
Des moutons.
Le lendemain, brunch maritime.
Tous les deux.
L’étreinte de séparation est plus forte.
Glissant vers un semblant d’intimité.
Douce comme nos lèvres.
Qui se joignent.
S’entremêlent.
Ensuite, on s’écrit.
Tu m’écris.
Chaque jour.
Plusieurs fois.
On se revoit.
L’embrassade devient baiser.
Le baiser devient désir.
Fugitif.
Momentané.
Possible.
Pourtant.
Toujours des messages.
Mais les vacances sont finies.
J’avais presque oublié.
Ce parfum sentant le souvenir.
De nos jeunes années.
Quand nous avions 15 ans.
Réellement.
J’avais oublié.
Pendant quelque temps.
Grâce à toi.
Le poids du quotidien.
La pesanteur qui nous entoure.
Nous encercle. Nous étreint.
J’avais oublié.
Que je n’ai plus 15 ans.
Ni toi.
Même si j’aimerais.
Les avoir encore.
Même si je souhaiterais.
Que nous soyons seuls.
À en décider.
Je ne sais pas.
Ta vie est si pleine.
Tes enfants, ton boulot.
Tes souvenirs.
Tes projets.
Il me faut juste comprendre.
Admettre.
Que l’eau suive son cours.
Me laisser voguer.
Flotter.
Dériver.
Vu que je ne sais  pas.
Toujours pas.
Nager.
Dans le sens du courant.
Même à 15 ans…

« Si la force de la jeunesse réside dans sa spontanéité,  la vieillesse est si belle lorsqu’elle ne l’a pas oubliée… »

 Léo Myself

Rêveries-sur-Garonne, le 14 septembre 2018

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Cliché

Comment faire ?
Pour qu’un instantané soit durable ?
Pour qu’un moment grandisse ?
S’épanouisse.
Au point d’être un massif.
Central.
Fleurisse à son regard.
Éparpille ses senteurs.
À la seule destination de ses narines.
Comment faire ?
Rien, peut-être.
Être soi.
Sans chercher.
À plaire.
Sans se complaire dans un jeu.
Qui nous fasse endosser un rôle.
Être juste en accord.
Avec qui l’on est.
Ne jamais tricher.
Renoncer à la comédie.
Accepter qu’elle puisse être une tragédie.
Se dire qu’ainsi va la vie.
Empruntant des chemins étranges.
À découvrir.
En prenant le temps.
De voir dans chaque pierre.
Autant un obstacle à franchir.
Qu’un point d’appui.
Vers l’étape suivante.
Si étape suivante il peut y avoir.
Comment le deviner ?
Comment discerner ?
L’avenir improbable
D’un futur envisageable ?
Je ne suis pas Nostradamus.
Je suis à peine capable.
De prédire la manière dont aujourd’hui se conclura.
Chaque instant détient sa vérité.
Chaque pan de notre vie trimballe sa surprise.
Ou pas.
Néanmoins, je reste avide.
Des étonnements.
Qui rendent si précieux notre parcours.
Dans ces contrées à défricher.
À révéler.
Pour en faire un témoin.
Une marque.
De ce que nous fûmes.
De ce qui nous a rendu tellement plus vivants.
C’est peut-être un cliché.
Une sorte de Polaroïd.
Une pellicule.
Posée à la surface.
D’un chemin qui est tout.
Sauf objectif…

« L’essentiel, dans la photographie, c’est de ne jamais confondre focale et faux-cul. Sans cela, impossible de faire la différence entre le premier plan et ce qui lui sert de décor. »

Leo Myself

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Huîtres et bulots

Quoi de plus banal, en fait ?
Un dimanche, les Capus, des huîtres et des bulots…Chez Jean-Mi, évidemment. What else ?Ces relents iodés deviennent des présents « top of the day ».
Impressionnant. La façon dont l’imaginaire habille le réel.
Les huîtres sont toujours ce qu’elles sont.
Un chouïa fatiguées de leur accouchement.
Les bulots, réfugiés dans leurs coquilles, ne sont pas à l’abri.
De notre gourmandise. On a la dalle !
Affamé je suis. Pas seulement de l’assiette proposée.
Depuis hier soir.
Depuis que ma fringale a ressuscité.
Que mon régime « sans elle » a pris fin.
Depuis qu’elle m’a donné faim. D’elle. De ce qu’elle m’offre.
Sans mot dire.
Il a suffit de peu.
D’un baiser
Sans aucune affectation.
Avec une telle spontanéité.
Putain, que c’est bon !
Bien que ce puisse être fugitif.
S’emplir.
Se laisser submerger.
Par cette vague de plaisir.
Surgie d’on ne sait où.
Se satisfaire de sa présence.
Ne penser à rien d’autre.
Ne pas penser, en fait.
Ressentir. Le plaisir.
Les huîtres, un régal !
Les bulots, un voyage !
Elle, juste là, un décollage…
Peu importe le pourquoi, le comment.
Seul le parce que a du sens.
Sens unique, sens interdit, je m’en fous !
Je prends les chemins comme ils viennent.
À coup d’huîtres et de bulots.
Je me laisse porter par le flux.
Sans penser au reflux.
Car, tout de suite, le reflux je m’en tape.
Qu’il reste, aussi longtemps que possible, aux tréfonds de la marée.
Qu’il soit le reflet immobile de ce qui m’agite.
M’en fous du coefficient, à part celui de mon muscle cardiaque.
M’en fous de tous les avertissements de gens bien attentionnés.
M’en fous.
Je mange des huîtres.
Et des bulots.
C’est tout.
Non, ce n’est pas tout.
Je mange des huîtres et des bulots.
Avec elle.

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