En ces temps troublés, mieux vaut mesurer ces propos
Que se lancer dans un concours de quéquettes.
Aussi vain que sot.
Histoire d’égos qui n’étaient pas égaux,
Voici livrée en quelques vers bien verts, la supposée réplique d’un pro des maux
À ceux qui étaient surtout des poseurs de mots.
Il les côtoyait depuis si longtemps, il les connaissait si bien,
Son Hexachoroquine et son Azythromycine. Qu’il n’accepta point les moqueries des puissants si impuissants.
Surtout qu’ils s’accordent un tel droit de leur faire grise mine.
Sa réplique fut sans appel.
Il leur cloua le bec à grands coups de sa pelle
Si bien emmanchée de belle inspiration et de vive répartie…
En quelques mots très clairs voici ce qu’il leur dit :
« Ah non, c’est un peu court jeunes roitelets !
N’avez-vous rien de plus intelligent ? Ou de moins laid ?
C’est un peu bref, votre cerveau est en short ?
Car moi, je n’y serais pas allé de main morte !
Voulez-vous des exemples, éclairer votre matière grise ?
Pour cela, permettez qu’un chouïa je dramatise
Et qu’en y mettant le ton, je vous pulvérise….
Par exemple :
Agressif : « T’as du bol que je sois plutôt cool,
T’auras chopé l’virus bien avant mon coup d’boule ! »
Amical : « Mon look te fait marrer ? T’inquiète pas
Moi aussi, chaque matin, j’en reviens toujours pas… »
Descriptif : « Cette expérience qui fonde ma compétence
N’est que le reflet grossissant de votre inefficience ! »
Curieux : « À quoi peut être utile un tel talent ?
Achille en avait un qui lui coupa les jambes ! »
Gracieux : « C’est parce que j’aime tant sauver les vies
Qu’Hexachloroquine et Azythromicine sont de si chères amies…»
Truculent : « Comprends-tu, tête de pine, qu’à la vue
De tels résultats, mes patients fassent la queue jusqu’à perte de vue ?! »
Prévenant : « J’ausculte, je détecte, diagnostique et puis traite,
Jusqu’au plus minuscule des insectes, comme au plus vil des traitres. »
Tendre : « Être ainsi virulent, je le dois à mon père
Qui, contre la suffisance, fut toujours un repère. »
Pédant : « Ignores-tu, crétin, que tous les génies
Ont des idées en proportion de leur grand esprit ? »
Cavalier : « Putain, en voilà un drôle de rigolo !
Pas des plus sympathiques, mais des plus originaux ! »
Emphatique : « Avec un tel savoir, c’est des jours et des nuits
Pour s’apercevoir qu’on n’y trouve qu’un orgueil infini ! »
Dramatique : « Le jour où l’on a découvert ce virus,
Plus qu’à l’échevelé, on aurait dû faire signe aux Russes… »
Admiratif : « À ce stade ce n’est pas du flair,
C’est de l’inspiration que reconnaissent vos pairs ! »
Lyrique : « Là où Marseille avait sa sardine,
C’est beaucoup plus grand, que moi, je vois la médecine… »
Naïf : « Sais-tu, petite bite, que si point je ne me ramasse
C’est vous tous, tous ensemble, qui boiraient la tasse ? »
Respectueux : « Leur ombre me précède, une ombre bien vivante
Puisqu’ils acceptèrent que sur eux mon traitement je tente. »
Pratique : « Vous cherchez peut-être le gros lot
Mais moi ce que je cherche, c’est à sauver ma peau ! »
Voilà ce que vous auriez pu dire, pauvres sots
Si vous saviez faire une autre chose dans votre vie
Que vos pitreries sur les médias et les réseaux sociaux…
Mais, pour cela, encore fallait-il que l’envie
De trouver les bons mots ne soit pas orpheline
Du dico sans lequel votre cerveau n’est que ruines…
Et même si tu l’avais pu, t’aurais même pas su
Extirper ces flèches assassines de ta bouche
Car, devant ton air quoi et de vrai trou du cul,
Je saisis mon carquois et, à coup sûr, j’fais mouche ! »
Léo Myself, le 28 mars 2020, librement inspiré de la « tirade du nez » de Cyrano de Bergerac